A l'image des principales courses du calendrier World-Tour, plusieurs membres de la rédaction de Velo-Club, mais également certains forumeurs les plus pointus vous proposent leur favori en vue de la course en ligne des championnats du monde.
Tom Dumoulin (Albator Conterdo)
Cette année 2017 aura vu le Néerlandais passer un cap important. Vainqueur du Giro du centenaire face pourtant à une solide concurrence, et auteur d'une démonstration impressionnante sur le CLM des mondiaux il y a quelques jours, il est désormais cité parmi les suiveurs comme un possible adversaire de Froome sur le prochain Tour. Dumoulin a l'art de bien préparer ses rendez-vous : Il arriva ainsi sur le Giro avec simplement la Doyenne dans les jambes. Re-belote sur le BinkBank Tour, cette fois précédé de la seule Classica San Sebastian. Chaque fois, la victoire fut au bout.
Si bien que le Batave arrive sur les Mondiaux avec seulement 57 jours de course, dans un état de fraîcheur par conséquent bien meilleur que la plupart de ses adversaires. Prolonger son état de forme jusqu'à la course en ligne ne devrait donc pas lui poser de problème particulier. Et l'on connait l'habileté tout-terrain du pensionnaire de la Sunweb, ainsi que sa capacité à lire la course et profiter du moindre temps mort. Le doublé CLM/course en ligne serait une performance inédite et il est fort à parier que ce défi trotte dans le tête du Néerlandais, sans compter qu'avec la course par équipe, il réaliserait en réalité un triplé. Comme il l'a déclaré récemment : " j'ai toujours dit que j'étais là pour trois événements, donc il en reste un et c'est important.
Fernando Gaviria (Charles Marsault)
Depuis le début de la saison, je fais de Fernando Gaviria mon favori pour le titre de champion du monde sur route, et ses performances cette année ont à chaque fois conforté cette impression, tant le colombien à impressionné jusqu'au Giro. Un peu inquiet ensuite à l'annonce d'une blessure qui a retardé son retour à la compétition au mois d'août, sa montée en puissance lors du Tour of Britain, puis l'enchaînement de performances de haut niveau lors du Championnat des Flandres et de la Primus Classic ont ôté mes derniers doutes.
Fernando Gaviria sera bel et bien prêt à jouer le titre dimanche à Bergen, et si j'en fais mon favori, c'est pour deux raisons. Tout d'abord le parcours lui convient à merveille, et je vois mal les Sagan et Van Avermaet le sortir de la roue sur une montée roulante, et en cas d'arrivée massive, ou en petit comité, le coureur de la Quick-Step sera largement supérieur à ses adversaires. Ensuite, les conditions climatiques, difficiles devraient également jouer en sa faveur, puisqu'il a montré, qu'il était également à l'aise sur les flandriennes.
Bref, pour moi, pas l'ombre d'un doute, le prochain champion du monde sera colombien et se nommera Fernando Gaviria!
Michael Matthews (Allezlasse) :
Année après année, les Mondiaux chantent la même rengaine : sur un circuit que l'on ne connaît pas, difficile d'imaginer le bon scénario, ce qui laisse de la place à l'optimisme. Pourtant, la première leçon que l'on pourrait tirer des vingt dernières courses arc-en-ciel, c'est que l'on est souvent déçu. Parcours moins dur qu'annoncé, course cadenassée… A Valkenburg, à Ponferrada puis à Richmond, des tracés exigeants ont échappé à un sprint par la seule grâce d'un homme dans cet état - respectivement Gilbert, Kwiatkowski puis Sagan. Bergen peut-il proposer la même chose ? Guère mieux en tout cas. Il y a cette bosse, il y a le temps probablement pourri, mais il y a aussi un titre mondial et la tension que son importance génère : on court pour ne pas perdre avant de penser à courir pour gagner. Dans ces conditions, malgré une course sans doute exigeante, je ne vois pas autre chose qu'un sprint entre 40 à 50 coureurs. Reste à trouver le premier d'entre eux.
Deux tentations. D'abord Sagan pour le triplé, mais les statistiques sont contre lui : s'il n'était pas le premier à remporter deux titres mondiaux de suite (Ronsse dès 1929, puis Van Steenbergen, Van Looy, Bugno et Bettini), personne n'a jamais réussi le coup du chapeau. Ensuite Boasson Hagen (ou Kristoff), mais là aussi les probabilités jouent contre les Norvégiens : seul Alessandro Ballan s'est paré d'arc-en-ciel sur son sol natal depuis 35 ans. Au bout de 276,5 kilomètres et douze passages de la bosse, ce qui n'est quand même pas rien, un nom me semble s'imposer : Michael Matthews. En argent à Richmond en 2015, en chocolat à Doha l'an dernier, l'Australien a pris la mesure des Mondiaux et présente des garanties quelle que soit la configuration de course. Auteur d'une saison pleine (maillot vert et deux étape sur le Tour, 4e de Liège-Bastogne-Liège), il semble fin prêt (5e à Plouay, 3e à Québec, 8e à Montréal) à la terminer en beauté.
Peter Sagan (Romanom)
Plus qu’un favori, j’ai un souhait pour ce championnat du monde. Assister à un moment d’histoire du sport avec une troisième victoire consécutive de Peter Sagan !
Après avoir déjà réalisé la passe de deux la saison dernière, Peter Sagan peut cette année entrer seul dans la légende du cyclisme en étant le premier à remporter 3 titres de champion du monde à la suite !
Dominé par ses adversaires lors des classiques, il sort d’une année décevante qui l’a vu passer à côté de ses principaux objectifs (classiques/Tour). Pourtant je ne m’inquiète pas pour le Slovaque, il a montré ces dernières années qu’il avait la bonne recette pour arriver au top à ces championnats. Surtout il prouve ces dernières semaines qu’il arrive effectivement en forme avec ses succès sur le BinckBank Tour et sa victoire à Québec face à deux de ses opposants principaux au championnat du monde (Van Avermaet/Matthews).
Le challenge est immense. Il est à la mesure de son talent. Il est temps pour le gamin de Zilina de démontrer ce que nous pressentions tous, qu’il est l’égal des plus grands, de ceux qui se transcendent lors de ces rendez-vous, et laissent une marque dans l’histoire.
Matteo Trentin (Liam)
A 28 ans, Matteo Trentin va prendre part à son 4ème Mondial. Le premier avec des ambitions et un statut de coureur protégé au sein d’une Squadra Azzura très bien garnie. Pourtant, sur la ligne de départ, l’Italien ne sera ni le meilleur sprinteur, ni le meilleur puncheur des engagés. Mais dans une course qui semble ouverte et propice à de multiples scénarios j’en fais mon favori. Explications.
Matteo Trentin n’est donc pas le meilleur sprinteur du peloton. En vitesse pure il rend aux tous meilleurs de la discipline. Mais il passe les bosses, mieux que beaucoup et s’est fait une spécialité des sprints en comité réduit. Et c’est précisément le scénario que j’imagine pour dimanche. Il n’est jamais aussi redoutable que lorsque le peloton s’est écrémé par une course usante, durcie par les attaques sur profil cabossé mais pas trop. Et le circuit de Bergen lui offre, sur le papier, le profil adéquat pour mettre à profit ses qualités.
Bien sûr il ne sera pas seul à pouvoir revendiquer ces capacités. On les retrouve ainsi chez le double champion du monde en titre, Peter Sagan. Le slovaque fait à la fois partie des meilleurs puncheurs et des meilleurs sprinteurs du roster. Mais quelle sera son attitude lorsque les Belges, Français ou Néerlandais vont se lancer dans des offensives ? Ne sera-t-il pas tenté de les accompagner, voire de provoquer lui-même la sélection, perdant des forces pour le final ? Possible. Trentin devrait, lui, avoir un schéma clair et une tactique précise. Je ne l’imagine pas suivre les coups des puncheurs, mais rester en second rideau au contact de ses équipiers pour se faire ramener en fin de course et tenter d’aligner tout le monde. Le final s’y prête.
Surtout, Trentin est une sorte de tueur au sang-froid, qui ne loupe que très rarement les occasions lorsqu’il est en position de lever les bras. Sur la dernière Vuelta il a profité d’un plateau de sprinteurs très faible pour engranger les victoires. Sur le Tour 2014, il profite de la seule arrivée au sprint en petit comité pour l’emporter en alignant Sagan (tiens, tiens) au passage. Idem sur le Giro 2015, dans une autre configuration, où il ne se loupe pas pour crucifier Moreno Moser et concrétiser le travail d’équipe de Brambilla.
Trentin s’est donc fait une spécialité, celle de mettre la balle au fond dès qu’il en a l’occasion. Avec la confiance engrangée ces dernières semaines, une vraie équipe solide autour de lui et un parcours qui pourrait lui offrir le scénario idéal, je le vois en arc en ciel dimanche soir.