Capteurs de puissance, moniteurs de glucose, l'avis des entraîneurs !

Capteurs de puissance, moniteurs de glucose, l'avis des entraîneurs !

Alors que le sujet de l'aide technologique revient sur le devant de la scène, notamment depuis l'affaire liée à l'utilisation d'un moniteur de glucose lors des Strade Bianche par la coureuse de l'équipe Team Jayco-AlUla Kristen Faulkner, la rédaction de Velo-Club a cherché à en savoir plus sur cet outil, destiné aux diabétiques. Et c'est vers les entraîneurs que nous nous sommes dirigés, que ce soit Jimmy Turgis, ou bien Fred Hurlin, qui ont tous les deux acceptés de nous livrer leur point de vue sur le sujet.

Fred Hurlin : "C’est un vieux serpent de mer qui ressurgit régulièrement notamment avec les capteurs de puissance mais aujourd’hui, c’est avec la disqualification de Rachel FAULKNER sur les Stades pour l’usage d’un capteur de glycémie. Il faut vivre avec son temps, c’est terminé les 2 mois de préparation hivernale sur le petit plateau. Aujourd’hui, nous avons des outils technologiques pour progresser mais aussi, mettre des garde-fous pour l’entrainement ; autant les utiliser. 

Malgré tout, je ferai une petite différence entre le capteur de puissance et le capteur de glycémie : si l’UCI interdisait le capteur de puissance en course, je suis persuadé que les dynamiques tactiques seraient très proches de ce qu’on voit aujourd’hui. Les coureurs même amateurs savent rapidement corréler un chiffre de puissance avec une sensation.

Pour le capteur de glycémie, on est dans quelque chose de plus « sournois », la petite fringale qu’on ne sent pas monter et qui nous tombe dessus sans crier gare.  Peut-être que l’UCI pourrait interdire la lecture en temps réel des données de glycémie et ne permettre que l’analyse a posteriori des datas.  Ce sont des données très intéressantes pour savoir à quel moment un cycliste explose par manque de carburant.

A l’entrainement, on met facilement la main à la poche ; en course, c’est une autre histoire donc dans une démarche pédagogique, j’adhère à 100% à ce type d’outil. Et d’ailleurs, en tant qu’entraineur, je rappelle très souvent qu’on ne roule pas en course en suivant les chiffres du compteur GPS. Dans ce cas, les chiffres sont comme des fers aux pieds et par expérience, ceux qui restent le nez sur le compteur ne font pas de vieux os !"

Jimmy Turgis : "Pour le capteur de glucose, il aurait forcément un intérêt majeur pour les sports d'endurance où la besoin en énergie est important. Ironman, chrono ou plus récemment Milan, cela pourrait être une vrai aide pour le coureur pour apporter l'énergie au bon moment. Oui mais voilà tout n'est pas si simple. Car nous sommes tous différents.

Pour en avoir discuté avec Quentin Valognes (un coureur atteint de diabète et ex-Novo Nordisk) c'est hyper individuel. Donc pour faire des ajustements et en tirer des conclusions ça demande beaucoup de datas et beaucoup d'analyses (pour cela que les coureurs l'utilise à l'entraînement). Je ne suis pas spécialement pour la technologie à outrance dans le sport. Mais il faut reconnaître que certaines avancées technologiques ont fait du bien au cyclisme (notamment en terme de sécurité et surtout collection de données pour améliorer l'individualisation de l'entraînement).

Je pense que le meilleur compromis pour le moment c'est de l'utiliser à l'entraînement pour mieux connaître son corps et ses réactions. Et ne pas l'avoir en course. Mais si cela venait a être autorisé en course ça ne me choquerait pas non plus. Pour l'avoir utilisé à l'entraînement avec certains coureurs de BB Hôtel, nous avions pu apporter quelques modifications sur la routine alimentaire de certains coureurs LORS DU STAGE. Mais nous n'avions pas suffisamment de data pour avoir plus de recul. Bref un sujet vaste et source de beaucoup de spéculation. Une chose est sure elle est utile pour les personnes malades et souffrant de diabète. Je suis un grand supporter de l'équipe Novo Nordisk qui véhicule une superbe image à travers le monde."

Rejoignez-nous