Cacophonie, règlement de comptes et conflit d'intérêts dans les Pyrénées

Cacophonie, règlement de comptes et conflit d'intérêts dans les Pyrénées

C'est un drôle de spectacle auquel on a assisté depuis le lancement du Tour Féminin Pyrénées, et si les conditions de sécurité se sont avérées être au coeur des débats, autre chose se joue en coulisses, et les questions sont nombreuses au moment de tenter de tirer un bilan des événements de ces derniers jours.

Conflit d’intérêts, épisode 34567

Si il n'est ici pas question de revenir sur la situation de course, il est néanmoins important d'évoquer quelques points précis, et notamment celui du conflit d'intérêts, un aspect qui gangrène le cyclisme depuis bien trop d'années. Et encore une fois, ce qui aurait pu être un simple cas de sécurité défaillante met en lumière autre chose, cette mauvaise habitude qu'ont certains responsables à vouloir endosser plusieurs casquettes, quitte à ce que les causes défendues soient opposées, comme c'est le cas aujourd'hui.

En effet, l'organisatrice de la course n'est autre que Marion Clignet, la présidente de l'AFCC, c'est à dire le syndicat des coureuses françaises, une association qui est membre du CPA Women, comme l'indique son site internet, et c'est ici le second point qui amène à s'interroger.

Le CPA contre le CPA ?

S'interroger car le boss du CPA, très actif depuis le début de son mandat, est intervenu sur le sujet. Une bonne nouvelle à première vue, que de constater que le patron du syndicat des coureurs s'empare de cette cause, et vienne défendre la sécurité des athlètes.

Seulement voilà, dans ce cas de figure, le CPA semble être en même temps la solution et le problème, car comme nous vous l'avons indiqué dans le paragraphe précédent, l'organisatrice en est membre ou y est tout au moins affiliée, ce qui en complément de la notion de conflit d'intérêts, n'est pas sans poser la question suivante.

Comment peut-on être crédible en tant que représente des athlètes lorsque l'on propose ce genre de parcours aux coureuses ?

Pas de front commun dans le peloton

C'est le dernier point qui ressort des discussions que nous avons eu avec les différentes parties présentes sur place, il n'y a absolument aucun front commun dans ce cas de figure, et si nos informations sont bonnes, il y avait 50% de formations qui souhaitaient poursuivre, et 50% qui souhaitaient arrêter. Un manque de cohésion fort dommageable pour la portée du message, et qui s'explique assez facilement par des intérêts différents suivants les structures.

En effet, entre la chasse aux points UCI, la préparation du Tour de France, le besoin de courir pour les sponsors ou autres, chacun voit d'abord midi à sa porte, et fait preuve d'opportunisme avant tout.

Une rupture staff/coureuses sur la marche à suivre

Et comme un prolongement de ce dernier point soulevé, l'unanimité était loin d'être de mise également au sein des différentes équipes, et ce qui ressort des informations glanées en provenance de la course, c'est que beaucoup d'athlètes souhaitaient arrêter la course, et que le management de certaines équipes présentes sur place en a décidé autrement.

Pour d'autres coureuses, il fallait continuer, alors que dans certains cas, on était bien embêtées face à la situation.

Et c'est finalement l'UCI qui a tranché en mettant un terme à ce cirque, et en annulant tout simplement la dernière étape.

Une organisation qui tire à boulets rouges sur les coureuses

C'est certainement le plus hallucinant dans cette histoire, cette absence de recul et de remise en question de la part de l'organisation. Dans un article publié par nos confrères de la Nouvelle République des Pyrénées, on peut en effet lire des choses assez ubuesques, et notamment "que les filles ont des exigences qui ne sont pas en adéquation avec leur niveau", sans oublier le fameux argument de "la branche sur laquelle on est assis", utilisé contre toutes celles et ceux qui osent mettre en lumière les différents manquements.

A ce demander qui se comporte comme un enfant gâté, car organiser des courses, c'est des droits, mais aussi des devoirs, et celui qui consiste à garantir l'intégrité physique des athlètes n'est pas négociable, et si il faut supprimer quelques courses pour y arriver "So be it" !

Par Charles Marsault

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