Depuis quelques années, lorsque l’on évoque le cyclisme africain, et plus particulièrement érythréen, une certaine « hype » a tendance à entourer chaque jeune talent qui pointe le bout de son nez. Et si pour les Areruya, Tekleheimanot, Debesay ou encore Reguigui l’emballement était avec le recul certainement injustifié, les choses semblent différentes concernant la dernière pépite, l’érythréen Biniam Giramy Hailu.
Performant très tôt en Europe, et souverain sur les routes africaines
A seulement 18 ans, Biniam Girmay a eu la chance de faire ses gammes au sein du CMC (Centre Mondial du Cyclisme), et c’est là que les observateurs les plus attentifs ont pu découvrir tout son talent. Vainqueur d’une étape d’Aubel-Thimister-Stavelot devant un certain Remco Evenepoel, il a aussi brillé sur les routes françaises en remportant une épreuve de la Coupe de France. Et en étant performant chez les juniors sur le Vieux-Continent, l’érythréen a déjà cassé un premier plafond de verre, en démontrant qu’un junior africain pouvait s’imposer face à une concurrence internationale.
Fort d’une belle saison 2018, il est retourné en Afrique en 2019 pour sa première année en tant que U23. Et pour sa première course pro, Girmay a tout sauf fait de la figuration, en remportant une étape de la Tropicale Amissa Bongo en janvier. Présent ensuite sur les routes du Tour du Rwanda avec la sélection érythréenne, il a de nouveau levé les bras, sur une épreuve au plateau plus relevé. Le tout avant de participer pour la première fois au Tour de l’Avenir, qu’il a terminé, avec en prime une belle cinquième place lors de la dernière étape dont l’arrivée était jugée au Corbier. Des performances suffisantes pour le voir atterrir chez les pros, et c’est la formation Nippo One Provence qui a décidé de lui donner sa chance en 2020.
Et solide dès ses débuts chez les pros
Finalement c’est surtout là que l’on attend tous les talents africains, car malheureusement, et comme nous l’évoquions en introduction, nombreux sont ceux qui n’ont jamais pu franchir ce fameux cap, qui permet de briller sur les épreuves du calendrier européen. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’après seulement deux mois de compétition, Girmay a déjà bluffé son monde, en prouvant rapidement qu’il était dans le coup pour signer de belles performances. Vainqueur de deux étapes de la Tropicale en janvier, il a ensuite en effet montré qu’il pouvait rapidement s’acclimater, en signant un premier top 10 lors d’une étape de l’étoile de Bessèges. Et mieux encore quelques jours plus tard, où il était présent dans un groupe de costauds lors du Trofeo Laigueglia, et où seul un très bon Giulio Ciccone a pu le battre.
Alors Girmay futur très bon coureur du peloton ou nouvelle déception à venir, rendez-vous dans quelques années pour un premier bilan, en attendant, pour moi, on devrait très rapidement le voir de nouveau s’illustrer, et ce dès le Tour du Rwanda où il devrait être un redoutable chasseur d’étape.
Par Charles Marsault