Bilans 2022, Team BikeExchange : des victoires et des loupés

Bilans 2022, Team BikeExchange : des victoires et des loupés

Déterminée à retrouver le chemin de la gagne après deux saisons relativement ternes, BikeExchange s’est effectivement remise sur le droit chemin grâce entre autres à Simon Yates et Dylan Groenewegen. Malgré ses 22 succès, dont certains acquis sur chacun des trois Grands Tours du calendrier, l’exercice 2022 laisse un goût d’inachevé au collectif australien qui est loin du Top 10 mondial dont elle était un membre incontournable avant 2020.

La note d’ensemble

11,6/20

22 victoires - 16e au classement UCI

En difficulté depuis l’arrivée du Covid, l’équipe australienne avait fait le choix, l’hiver dernier, de recruter Dylan Groenewegen pour retrouver le chemin de la victoire. Désireuse de gagner partout et tout le temps, elle a réussi son pari puisqu’elle a obtenu, en une saison, quasiment autant de victoires que lors des deux précédentes. BikeExchange se rapproche ainsi des standards qui étaient les siens jusqu’en 2019, bien qu’elle peine toujours à rivaliser avec les meilleures équipes du monde. Malgré un nombre de victoires revenu dans une certaine norme, BikeExchange termine en effet cette saison 2022 à la 16e place du classement UCI.

Isolé et malchanceux, Simon Yates avait bien démarré l’année avec une deuxième place à Paris-Nice, mais s’est loupé à deux reprises lors du Giro et de la Vuelta, d’abord touché au genou puis testé positif au Covid-19. Une infortune qui devient récurrente pour l’Australien, contraint à l’abandon lors de quatre de ses cinq derniers Grands Tours.

Le bilan est tout aussi contrasté pour Michael Matthews qui, s’il a retrouvé le chemin de la victoire cette année, a souvent manqué le succès pour pas grand-chose. Il est tout de même l’auteur du seul Top 10 sur un des Monuments de l’année grâce à sa 4e place à San Remo. En difficulté dans les grandes courses d’un jour et les courses par étapes, l’équipe s’est rendue dépendante des points de ses sprinteurs.

Elle a alors aligné Dylan Groenewegen et Kaden Groves sur d’innombrables épreuves. Victorieuses respectivement à sept et à trois reprises, les deux fusées bleu ciel ont surtout accumulé les podiums et collecté de précieux points, y compris dans des épreuves de faible niveau. Prise par surprise dans une course aux points qu’elle n’avait pas anticipée, la formation World Tour a exploité ses qualités au maximum et a fini par se mettre à l’abri au prix d’un calendrier très chargé.

On retiendra de la saison de BikeEchange qu’elle fait partie des équipes qui ont gagné sur les trois Grands Tours, ce qu’elle n’avait réalisé qu’en 2016.

La surprise

Kaden Groves

Il avait pointé le bout de son nez à la fin de l’été 2021 au Tour de Slovaquie. Cette saison, Kaden Groves s’est révélé au grand public en s’imposant au mois de mars en Catalogne après avoir tourné autour depuis la reprise. De nouveau victorieux au Tour de Turquie, le jeune colosse a surtout remporté une étape de la Vuelta, lui ouvrant les portes d’Alpecin-Deceuninck pour la saison 2023. Onze fois récompensé par un podium en plus de ses trois victoires, l’Australien doit apprendre à être plus décisif dans la dernière ligne droite mais a déjà posé les jalons d’une belle carrière dans la caste des finisseurs.

La confirmation

Matteo Sobrero

Le champion d’Italie du contre-la-montre 2021, fraîchement débarqué d’Astana, a réalisé une saison satisfaisante avec le Giro comme principal objectif. 4e du chrono du Budapest, le rouleur est parvenu à rallier Vérone où il savait qu’il aurait une chance de remporter son premier succès en World Tour, un an après s’être classé 4e du contre-la-montre final de Milan. Pas de manque : dans les collines varésines, le transalpin a imposé sa puissance et confirmé les espoirs placés en lui. Au Tour de Pologne, quelques mois plus tard, Matteo Sobrero a laissé entrevoir de belles qualités de puncheur qui lui ont permis de terminer au pied du podium du classement général. De quoi l’imaginer briller sur des courses comme Tirreno à partir de l’année prochaine ?

La déception

Lucas Hamilton

Espéré comme une alternative à Simon Yates pour les courses par étapes, Lucas Hamilton a laissé dubitatif quelques observateurs. Très fort début 2021, il avait terminé 4e de Paris-Nice, 10e du Tour de Catalogne et 8e du Tour de Romandie. Un bilan plus honorable qui appelait une confirmation cette saison, au moins sur les courses d’une semaine. Malheureusement, le grimpeur de 26 ans s’est un peu loupé. Sa 13e place au Giro, seule performance notable de l’année, est en effet un trompe-l’œil : relégué à douze minutes à mi-course, il a profité d’une échappée-fleuve pour se replacer puis de quelques abandons en dernière semaine, terminant à près de dix minutes du Top-10. Surtout, cette place obtenue au prix de trois semaines intenses est le seul fait d’armes de Lucas Hamilton qui n’a pas été le leader de rechange que BikeExchange attendait.

2022 en 5 dates

2 mars 2022, Al Ula. Parfaitement lancé par Luka Mezgec, Dylan Groenewegen ouvre le compteur de l’équipe au terme d’une journée balayée par le vent du désert saoudien. Il rééditera sa performance deux jours plus tard, confirmant sa bonne adaptation sous ses nouvelles couleurs.

25 mai 2022, Lavarone. Dans la brume du Trentin, Simon Yates abandonne le Giro pour la deuxième fois en trois éditions. Vainqueur du premier chrono et très en forme, le grimpeur britannique a chuté en première semaine et abandonné toute ambition au général. Comme à son habitude, il a su se remobiliser pour remporter l’usante étape de Turin. Il peut quitter l’Italie la tête haute.

3 juillet 2022, Sonderborg. Après deux années sans victoire sur le Tour, l’équipe est délivrée de cette série noire par un Dylan Groenewegen mort de faim. Sachant les occasions rares sur ce tracé 2022 difficile, le Néerlandais n’a pas perdu de temps pour s’imposer avant même de poser ses roues dans l’Hexagone. Il devance d’une extrême justesse le maillot jaune Wout van Aert, 24 heures après avoir vu gagner Fabio Jakobsen. Tout un symbole pour ces deux coureurs au destin tristement lié.

16 juillet 2022, Mende. Avec de telles jambes, la victoire ne pouvait revenir qu’à Matthews. Déclencheur des hostilités à plus de 50 kilomètres de la montée Jalabert, le puncheur était le plus fort de cette 14e étape électrique. Contre toute attente, il s’est défait de grimpeurs et de puncheurs de renom dans les forts pourcentages. Rattrapé puis lâché par Bettiol, Bling n’a jamais renoncé. Au mental, il est revenu sur l’Italien et s’est même payé le luxe de l’attaquer pour s’offrir, en solitaire, la 4e victoire de sa carrière sur les routes du Tour.

31 août 2022, Murcie. Cette fois, c’est à cause d’un test positif au Covid que Simon Yates doit baisser les bras. 5e du général de la Vuelta après un bon chrono, il est ainsi contraint de terminer sa saison sur une impression d’inachevé, et ce malgré ses huit victoires. La journée n’est pas noire pour autant pour l’équipe BikeExchange : son sort dans les mains de Kaden Groves, elle prend les choses en main dans le final pour mettre son sprinteur dans les meilleures dispositions. Et ça ne manque pas puisque le jeune coureur s’impose en patron, décrochant sans le savoir la dernière victoire de l’année pour sa formation.

Par Cyprien Bricout

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