Bilans 2022, Lotto Soudal : le défi était trop grand

Bilans 2022, Lotto Soudal : le défi était trop grand

Lotto Soudal est à un tournant de son histoire. Reléguée en Pro Series, l’équipe a vu son manager quitter ses fonctions récemment et perdra l’année prochaine Soudal, sponsor depuis huit saisons, au profit de Dsnty. Ces changements sont les conséquences directes ou indirectes d’un déclassement de la formation belge dans la hiérarchie du cyclisme mondial sous l’ère Covid, nuancé par un bon dernier exercice.

La note d’ensemble

12/20

25 victoires - 14e au classement UCI

Depuis de nombreuses années, Lotto fait la part belle aux sprinteurs pour le meilleur et pour le pire. Un bon moyen pour elle de s’assurer un grand nombre de victoires lorsque cela fonctionne, comme à l’époque d’André Greipel mais aussi grâce à Caleb Ewan lorsqu’il était le meilleur dans ce domaine. Mais lorsque la machine s’enraye, c’est toute l’équipe qui déraille. Et après deux saisons en-deçà de ses espérances, son année 2022 correcte n’a pas été suffisante pour sauver Lotto Soudal d’une relégation hors du World Tour.

Cette saison, tout n’a pas été noir pour l’équipe belge. Son homme fort Arnaud de Lie a même bien sauvé les meubles avec ses neuf succès qui permettent à la Lotto de se rapprocher de ses standards d’antan en valeurs absolues. C’est lorsqu’on s’attarde sur la qualité des 24 victoires du collectif que le bât blesse : jamais l’écurie aux maillots rouges n’avait aussi peu gagné que cette année au plus haut niveau, ses deux seuls succès en World Tour étant à chercher au milieu de victoires au Saudi Tour ou sur les nombreuses courses de classe 1 du Plat Pays.

La principale lacune de Lotto est peut-être l’identité trop belge dont elle a du mal à sortir et qui l’empêche, entre autres, de miser sur des coureurs capables de jouer les classements généraux. Outre Maxim van Gils vainqueur d’un Saudi Tour sans grande valeur, et Philippe Gilbert lauréat des 4 Jours de Dunkerque, les hommes de John Lelangue n’ont gagné aucune course par étapes. Ce total n’augmente que d’une unité si l’on prend en compte les trois saisons précédentes. En 2022, les Belges n’ont même pas intégré le moindre Top 10 dans un classement général au niveau World Tour. Absente du Top 40 final de chacun d’eux, Lotto Soudal a le bilan d’une équipe qui ne chasse que les étapes… mais n’en a gagnée qu’une et compte parmi les équipes les plus transparentes en termes de résultats avec seulement trois Tops 10 sur le Tour par exemple.

Quant aux courses d’un jour, il lui paraît bien difficile de peser sur le scénario lorsque le parcours ne convient pas à l’un de ses finisseurs, à plus forte raison sur les Monuments où elle n’a rien obtenu de mieux qu’une 30e place. Délaissée par un Wellens en bout de course et un Caleb Ewan trop souvent malchanceux ou inoffensif, l’écurie flamande n’a pas pu compter sur ses jeunes prometteurs en-dehors de sa nouvelle star du sprint. Il en résulte une saison mitigée, insuffisante pour la sauver de la descente en Pro Series, dont l’avenir proche sera placé sous le signe du renouveau dans bien des domaines.

La surprise

Arnaud de Lie

Il est peut-être la surprise de l’année toutes équipes confondues. Pas même considéré comme un leader potentiel aux prémices de sa première saison professionnelle, il n’a attendu que trois jours pour se révéler au monde de la petite reine. Vainqueur à neuf reprises, le Wallon s’est démarqué dans les arrivées massives et est d’ores et déjà annoncé comme un futur grand. Il n’a pourtant jusqu’ici montré ses talents qu’en classe 1 et une seule fois en Pro Series, sans grande rivalité dans son domaine. Le plus difficile reste donc à venir pour Arnaud de Lie qui devra non seulement confirmer dès 2023, mais surtout continuer de progresser en allant se frotter plus régulièrement aux cadors des deux cents derniers mètres.

La confirmation

Steff Cras

Il a déjà 26 ans et cinq saisons en World Tour au compteur, pourtant le Belge est toujours considéré comme un bon coureur en devenir. Bon grimpeur, il était encore jusqu’en 2021 relativement irrégulier et comptait très peu de résultats personnels. Il a amorcé un changement de dynamique cette année en jouant sa carte lors de courses d’un jour, et en bénéficiant de la faible concurrence interne pour s’essayer à la lutte pour le général lors d’épreuves comme Paris-Nice (16e), le Tour du Pays Basque (16e) mais aussi les difficiles Tour de Romandie (11e) et Critérium du Dauphiné (14e) où il n’était pas si loin d’un Top 10 qui eut été aussi précieux pour lui que pour son équipe. Des résultats qui confirment une progression certaine mais qui ont aussi soustrait Steff Cras à sa formation, puisqu’il a signé pour 2023 chez Total Energies.

La déception

Tim Wellens

Le déclin n’est pas nouveau mais le voilà qui s’accentue cruellement. Jusqu’à l’an dernier, Tim Wellens restait capable de performer dans des courses d’une semaine comme Tirreno, le Tour du Benelux ou le Tour de Pologne. Cette année, il n’a malheureusement pas été à la hauteur de ces épreuves World Tour. Habitué des bons débuts de saison, il a assuré le minimum en gagnant une épreuve du Challenge de Majorque et une étape du Tour 0683. Puis il a disparu des radars, réapparaissant timidement en juin à l’occasion de son Tour national dont il a terminé second. Depuis ? Pas de nouvelles de l’ancien vainqueur d’étapes de Grands Tours qui est resté inoffensif toute la saison ou presque.

Par Cyprien Bricout

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