Après avoir réalisé un recrutement hivernal faisant d’elle la meilleure équipe du monde sur le papier, UAE n’applique pas l’emprise sur le cyclisme mondial qu’avaient anticipée bon nombre de suiveurs en début de saison. Pour autant, elle reste une formation redoutable qui, lorsqu’elle aligne son jeune prodige slovène, ne se rate jamais. Tadej Pogacar peut-il échouer dans sa quête d’un troisième Tour de France consécutif ?
Une saison à l’attaque
Deuxième en nombre de victoires, troisième au classement UCI : UAE réalise jusqu’ici une saison honorable et compte à son actif quelques coups d’éclat retentissants qui ont pour la plupart comme dénominateur commun un certain Tadej Pogacar. Victorieux de l’UAE Tour, des Strade Bianche, de Tirreno et plus récemment d’un Tour de Slovénie peu disputé, le double tenant du titre de la Grande Boucle n’a que très peu connu l’échec cette année.
C’est davantage le cas de son équipe, qui s’est montrée capable de passer à côté de certaines courses de manière assez surprenante, comme à Paris-Nice, au Dauphiné ou encore à Paris-Roubaix. En clair : à chaque fois que le champion de Klanec n’est pas là.
Pogacar, l’homme qui sait tout faire
À l’aube de son 3e Tour de France, Tadej Pogacar apparaît aux yeux de tous comme le grand favori. Intouchable lorsque la route s’élève, il n’a plus perdu de temps sur un concurrent direct sur une étape montagneuse depuis le Tour du Pays Basque 2021. Son seul instant de fébrilité fut sa difficulté à suivre Jonas Vingegaard sur les pentes du Ventoux l’an dernier, qui n’a finalement eu aucune conséquence.
Au-delà de ses talents de grimpeur, l’assurance-tous risques d’UAE a surtout prouvé depuis son passage chez les professionnels une forte propension à sortir de très bons chronos. Il a d’ailleurs fait des progrès considérables dans ce domaine en 2020. Alors qu’il avait concédé 1’30’’ sur Primoz Roglic lors du chrono de Pau sur la Vuelta 2019, le Slovène remportait un an plus tard le contre-la-montre de la Planche des Belles Filles en réalisant un beau début de parcours sur le plat. L’an dernier, c’est dans cet exercice qu’il a conforté son maillot jaune en s’imposant à Laval devant les spécialistes, et en faisant mieux que limiter la casse à Libourne.
Mais ça ne s’arrête pas là : le jeune homme aux quarante victoires sait tout faire, même voler sur les pavés. Pour préparer son Tour de France, il a pris part à deux Classiques au printemps. Lors d’À Travers la Flandre, il avait dynamité la course très tôt avant de se faire piéger. Au Tour des Flandres, en revanche, c’est bien pour la gagne qu’il a sprinté malgré un échec à la 4e place.
Trop fort pour son équipe ?
Tout laisse donc à penser que Tadej Pogacar est imbattable sur un parcours comme celui qui l’attend dès ce vendredi. Il existe tout de même une interrogation autour de son équipe, qui ne semble pas aussi forte que peuvent l’être la Jumbo ou Ineos. Malgré la présence de George Bennett, Marc Soler, Brandon McNulty ou Rafal Majka, il n’est pas certain que le Slovène ne se retrouve pas isolé lorsque ses adversaires directs pourront encore jouer en surnombre. En première semaine, et malgré son talent, il aurait sans doute apprécié d’être épaulé par des équipiers plus robustes dans les conditions difficiles. Son principal (et seul ?) lieutenant dans ce domaine sera Matteo Trentin, or l’Italien est parfois sur courant alternatif, en témoigne le contraste entre son weekend d’ouverture fin février et sa campagne flandrienne un mois plus tard.
C’est finalement dans son collectif que réside peut-être le talon d’Achille de Tadej Pogacar, et c’est en l’isolant dès que possible qu’il pourra peut-être vaciller. Outre son équipe, le plus grand danger pour lui pourrait bien être celui qui a coûté le Giro à son coéquipier Joao Almeida en mai : le rebond épidémique. Espérons que la lutte pour le maillot jaune se passe sur le vélo et à la loyale. Dans ces conditions, il faudra bien du courage à ses adversaires pour le défaire du jaune qui semble lui coller à la peau.
Le huit de départ : Tadej Pogacar, Rafal Majka, Marc Soler, Brandon McNulty, Matteo Trentin, Vegard S. Laengen, George Bennett, Mikkel Bjerg.
Par Cyprien Bricout