Après deux échecs consécutifs de Primoz Roglic, le Slovène prendra le départ du Tour 2022 pour gagner et prendre sa revanche sur son compatriote Tadej Pogacar. Il aura besoin pour cela d’une équipe dévouée. Les prétentions de Wout van Aert pourraient bien aller à l’encontre de cette quête de maillot jaune ; tandis que Jonas Vingegaard pourrait, selon les circonstances de course, lui ravir le statut de leader.
Le meilleur collectif du monde ?
Le 6 mars dernier, Christophe Laporte remportait la 1ère étape de Paris-Nice devant ses coéquipiers Primoz Roglic et Wout van Aert. Quelques jours plus tard, le Belge raflait le chrono devant le Slovène et un troisième larron : Rohan Dennis. Deux semaines plus tard, le champion du Plat Pays et le Français franchissaient la ligne du Grand Prix E3 main dans la main après un numéro de 43 kilomètres en tête. Plus récemment, ce sont Primoz Roglic et Jonas Vingegaard qui ont réédité le même type de performances au Critérium du Dauphiné en marchant sur la concurrence. Ces démonstrations de force collectives suffisent à faire de la Jumbo-Visma la meilleure équipe du monde, la seule capable d’écraser ses adversaires sur tous les terrains ou presque. En cette saison 2022, la formation néerlandaise a sans doute dominé son sujet plus encore que les précédentes et devra assumer ce statut lors de la Grande Boucle.
Pogacar, ennemi public n°1
Tout le monde a en tête cette image de Tom Dumoulin et Wout van Aert, béats, observant impuissamment le retournement de situation le plus inattendu de ces dernières années au sommet de la Planche des Belles Filles. Cela fait près de deux ans que Primoz Roglic, et même la Jumbo toute entière, attendent de pouvoir prendre leur revanche sur Tadej Pogacar. L’an dernier, l’ancien sauteur à skis a malheureusement dû renoncer avant la première journée de repos, laissant reposer sur les épaules du jeune Jonas Vingegaard le poids du leadership. Bien qu’ayant réussi à fissurer sa carapace, le Danois n’a jamais réellement réussi à faire vaciller le maillot jaune.
Ce sera le grand objectif des hommes en jaune cette fois encore. Forts de deux Tops 5 et trois podiums lors des 4 dernières éditions, les Néerlandais veulent prendre leur revanche et, enfin, remporter la course à laquelle ils se consacrent depuis des années. Pour cela, ils devront mettre à mal un Tadej Pogacar qui, s’il domine les courses par étapes auxquelles il prend part, semble vouloir se cacher depuis le début de saison. Primoz Roglic et son compatriote ne se sont d’ailleurs confrontés qu’une fois cette saison, à l’occasion de Milan-San Remo. Les retrouvailles s’annoncent explosives.
Trois leaders : atout ou menace ?
Pourtant, l’écurie de Richard Plugge a quelque peu modifié sa stratégie à l’amorce du 109e Tour de France. Alors que depuis deux ans, toute l’équipe hormis Wout van Aert était dédiée à la quête du maillot jaune ; le Belge aura cette fois quelques hommes forts à son service. Lui qui vise le maillot vert pourra en effet compter sur Christophe Laporte et Nathan van Hooydonck, deux hommes qui seront bien-sûr utiles également à Primoz Roglic mais dont l’efficacité en montagne sera vite limitée. Cela coûtera-t-il au Slovène ? Difficile de le dire, tant son équipe s’affiche malgré cette particularité comme l’une des meilleures. L’autre question délicate qui pourrait menacer la suprématie du vainqueur du Dauphiné est celle du statut de celui qui l’a justement propulsé vers la victoire sur cette même course : Jonas Vingegaard. Le Danois a montré de belles garanties depuis le début de saison et pourrait avoir des velléités personnelles s’il passe la première semaine sans encombre.
Avec trois leaders et au moins deux objectifs en ligne de mire, la Jumbo prend le risque de n’en atteindre aucun. Mais elle choisit aussi l’assurance de ne pas tout perdre au premier incident comme cela aurait pu être le cas l’an passé si Jonas Vingegaard n’avait pas été à la hauteur dès son premier Tour de France.
Le huit de départ : Primoz Roglic, Wout van Aert, Jonas Vingegaard, Steven Kruijswijk, Sepp Kuss, Christophe Laporte, Tiesj Benoot, Nathan van Hooydonck.
Par Cyprien Bricout