Alors qu’AG2R-Citroën oscille entre quelques satisfactions et une trop fréquente inoffensivité, l’équipe de Vincent Lavenu se présente au départ du Tour avec des ambitions de podium, un an après la 4e place de Ben O’Connor. Un objectif qui semble tout à la fois à la portée de l’Australien et loin des moyens de son équipe, qui a une saison à sauver lors de la Grande Messe de juillet.
Des chiffres qui alertent
Loin d’être catastrophiques, les performances d’AG2R ne sont pas à la hauteur de la valeur de son effectif. Partie lentement, l’équipe a tardé à peser sur la scène internationale. Il a fallu attendre le Tour de Catalogne fructueux de Ben O’Connor pour lancer une machine qui s’est vite grippée de nouveau.
L’armada flandrienne a globalement manqué sa campagne de classiques avec comme simple fait d’armes la 3e place de Greg van Avermaet lors du weekend d’ouverture fin février. Benoit Cosnefroy, bien qu’il soit passé proche d’une grande victoire à l’Amstel, collectionne les podiums sans parvenir à lever les bras. Un blocage qui ne concerne d’ailleurs pas que lui puisque l’écurie française compte déjà dix-neuf podiums contre seulement quatre gagnes. Il s’agit tout simplement de son pire quota de succès à cette époque de l’année depuis 2012 (exceptée 2020, bouleversée pour des raisons sanitaires).
O’Connor, la bouée de sauvetage d’AG2R
Seule réelle satisfaction pour AG2R-Citroën, Ben O’Connor confirme le palier franchi en 2021. L’Australien, vainqueur du Tour du Jura et d’une étape du Tour de Catalogne, fait surtout montre d’une régularité rare dans les classements généraux des plus grandes épreuves du calendrier. En-dehors de Paris-Nice, qu’il a dû quitter sur maladie, il n’a plus terminé une course par étapes du World Tour hors du Top 10 depuis avril 2021. 6e du Tour de Romandie, 8e du Dauphiné et 4e du Tour l’an dernier, il a fait encore mieux cette saison avec une 6e place en Catalogne, une 5e place au Romandie et plus récemment un podium au Critérium.
C’est surtout dans la manière que le grimpeur de Subiaco est assez bluffant, puisqu’il fut le dernier à lâcher la roue du redoutable duo Roglic-Vingegaard dans les ascensions de Vaujany et du Plateau de Salaison. Autant de raisons de penser qu’il est capable de monter sur la boîte au terme des trois semaines de course autour de l’Hexagone.
Un leader vite isolé ?
Pour cela, et malgré sa capacité à se débrouiller seul, Ben O’Connor aura forcément besoin de l’aide de son équipe pour éviter les pièges du Tour de France. Oliver Naesen et Stan Dewulf, sans doute pas assez forts cette saison pour jouer leur carte personnelle, devraient être préposés à la protection de leur leader dans les conditions difficiles annoncées pour la première semaine. Lorsque la route s’élèvera, il pourra compter sur Aurélien Paret-Peintre et Bob Jungels, de bons grimpeurs qui ne devraient toutefois pas être capable de l’accompagner jusque dans les derniers kilomètres des ascensions.
C’est peut-être à cause de l’incertitude qui règne autour des capacités de son collectif que Vincent Lavenu se refuse à donner un objectif chiffré à Ben O’Connor. Le manager d’AG2R-Citroën préfère annoncer un objectif de victoires d’étapes. Benoit Cosnefroy est peut-être le mieux placé pour concrétiser cette attente mais les occasions ne seront pas si nombreuses pour lui si le Normand montre les mêmes limites en montagne qu’au Tour de Suisse. Une chose est sûre : les coureurs de la formation française devront être plus incisifs dans ses entreprises offensives qu’ils ne l’ont été lors du Giro, où ils n’ont quasiment pas pesé sur la course.
Le huit de départ : Ben O’Connor, Benoit Cosnefroy, Bob Jungels, Oliver Naesen, Aurélien Paret-Peintre, Geoffrey Bouchard, Stan Dewulf, Mikaël Chérel.
Par Cyprien Bricout